À Table ! vol.16 n°1 – Décembre 2018
À Table ! vol.18 n°1
Bulletin de la Table de Concertation sur la faim et le Développement social du Montréal métropolitain
ÉDITORIAL
“Le temps des fêtes
2 janvier, 8 heures, Nathalie se réveille, courbaturée. Elle a fêté la veille. Bon ! Si on peut appeler ça fêter. Elle a dansé avec des amies proches, elle a bu, un peu trop. Pour le Nouvel An, pour s’amuser, pour oublier. Ho ! Pas le festin qu’elle a reçu du comptoir alimentaire de son coin et qu’elle a partagé à Noël avec ses deux enfants, Joël et Annick, qui dorment encore. Non ! Ça, elle a beaucoup apprécié. D’autant que ça faisait longtemps qu’ils n’avaient pas mangé comme ça.
Non ! Pour oublier la facture qui s’en vient, parce qu’elle a « loadé » sa carte de crédit pour acheter, durant les soldes d’après Noël, des bottes à son gars, qui gelait des pieds dans ses « runnings » mouillés; pis les grandes boucles d’oreilles en plastics dorés dont rêvait sa jeune fille. Histoire de donner des cadeaux, elle aussi, à ceux qu’elle aime… Parce que cette facture, elle ne la
payera pas, elle n’a pas l’argent pour rembourser le solde. C’est à peine si elle pourra en payer l’intérêt qui augmentera sa facture, encore.
Pour oublier qu’elle a perdu sa job à l’usine, il y a bientôt 8 mois. « Délocalisation » lui a-t-on dit. Pour oublier qu’elle a épuisé déjà son assurance-emploi et qu’elle survit depuis de l’assistance sociale. Pour oublier ses rêves de vie meilleure, de vie décente où elle pouvait encore prendre des décisions, plutôt que subir les décisions des autres sur sa vie…
La vie de Nathalie est pareille à des milliers d’autres. À Montréal seulement, ce sont 36 % des ménages qui vivent la pauvreté. Plus d’un citoyen sur trois. C’est effarant ! C’est épeurant ! (1) La solution officielle à cette catastrophe sociale, c’est d’abord la couverture sociale, soit la moitié de ce seuil de faible revenu, de cette frontière économique minimale décrétée par l’État lui-même, en dessous duquel on est censé ne plus pouvoir vivre
décemment. C’est aussi la charité publique, rejetant sur les gens individualisés la responsabilité de sauver la masse énorme des laissés pour compte.
Allez ! Une fois par année, à Noël, on se rappelle, qu’au-delà de la course aux cadeaux et aux bombances rituelles de fin d’année, il y a des gens qui en arrachent et qu’on se doit de les aider. Ne serait-ce qu’une fois! Pour passer ensuite à autre chose! Pour ne pas voir qu’ils en arrachent toute l’année! Pour ne pas voir que ce geste généreux qu’on fait, ne suffit pas! Qu’il faut faire plus!
L’alternative communautaire
Heureusement qu’il y en a qui le font, ce plus, collectivement ! Des gens qui ont compris que la faim, la pauvreté, la misère, ce n’est pas seulement que d’avoir faim, c’est aussi de perdre le pouvoir sur son alimentation, sur ses aspirations, sur sa vie. Ceux-là ont pris le problème à bras le corps, dans sa globalité et y ont répondu avec les moyens dont ils disposent, c’est-à-dire leur volonté d’abord de voir ces gens comme des citoyens à part entière et non comme des indigents dépourvus de ressource, des « démunis ». Ils se sont adressés à eux comme à leurs égaux leur laissant la parole pour exprimer leur situation, discutant avec eux des solutions progressives à y apporter et les invitant à travailler ensemble à les mettre en œuvre.”
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