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À Table ! vol.8 n°1 – Mars 2004

À Table ! vol.8 n°1

À Table ! vol.8 n°1

Bulletin de la Table de Concertation sur la faim et le Développement social du Montréal métropolitain

La compassion et la justice: les deux mains de notre action

de Guy Paiement

“Cette année encore, l’approche des Fêtes occasionne à beaucoup de groupes un surcroît de travail et de créativité. La plupart s’y prêtera de bonne grâce à cause des liens qu’ils ont créés avec leurs concitoyens à revenus précaires. Dans une société du “chacun pour soi”, les bribes de solidarité qui s’expriment à cette époque de l’année sont évidemment bienvenues. Comme si Noël nous rappelait que la dignité des personnes n’a pas de prix et que la vie en société devient irrespirable si les liens de solidarité sociale se défont.

Mais tous les gestes de compassion ne nous empêchent pas de voir clair. Le gouvernement actuel va appauvrir encore plus les personnes les plus fragiles de notre société. Et ce sont les femmes qui en paieront surtout le prix. Qu’on pense seulement aux coupures qui toucheront les mères monoparentales et celles qui devront travailler après 55ans. Or, des travailleurs à faibles revenus commencent à découvrir que les augmentations de coût prévues pour l’électricité, le loyer, les frais de garderie et bientôt l’eau vont annuler la nébuleuse diminution d’impôt promise. De leur côté, beaucoup de syndiqués ont peur d’avoir à travailler demain avec un salaire moindre et de moins en moins de garanties sociales. C’est donc de plus en plus de monde qui vont expérimenter l’incertitude qui était jusqu’ici le lot des seules personnes qui viennent dans nos groupes communautaires.

Cette parenté va-t-elle donner lieu à une plus grande solidarité sociale? Va-t-elle permettre à plus de gens de lutter ensemble pour que toute la population puisse respirer à l’aise et s’épanouir? Chose certaine, nous avons là une occasion de sensibiliser l’ensemble de notre milieu. Pourquoi, dans nos groupes, ne pas transmettre aux personnes aidées un message leur rappelant notre joie de partager un peu de chaleur humaine avec elles mais aussi notre colère devant le sort fait à trop de personnes et le goût que nous avons de changer les situations ? Avec elles et avec beaucoup d’autres.”

 

 

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