À Table ! vol.8 n°2 – Mai 2004
À Table ! vol.8 n°2
Bulletin de la Table de Concertation sur la faim et le Développement social du Montréal métropolitain
Le développement social et les trois cultures
Ce texte est l’allocution de Guy Paiement tenue le 5 mai lors de la rencontre entre la nouvelle Ville de Longueuil et les groupes communautaires désireux de se doter ensemble d’une politique en développement social et communautaire.
“D’entrée de jeu, je voudrais souligner l’initiative de la ville de Longueuil qui nous réunit pour faire un diagnostic de la situation du développement social. Les groupes qui travaillent en première ligne avec les personnes fragilisées, de même que les organismes qui les soutiennent, sont bien situés pour prendre le pouls de la situation.
Ceci dit, la question du diagnostic est loin d’être simple. Si je me réfère, à titre d’exemple, à un accident de voiture au coin de la rue, je découvre vite qu’il y aura plusieurs constats possibles du même événement. Le chauffeur malheureux y verra une faute d’inattention à cause du chat qui traversait la rue. Le policier constatera une infraction au code de la route. Le garagiste y trouvera du travail de réparation et l’assureur une occasion de hausser ses primes. Sans parler de la famille du chauffeur qui devra réajuster ses dépenses pour les vacances prévues ou du col bleu qui réparera la borne-fontaine abîmée. Le constat est donc toujours programmé et il n’est pas mauvais de se le rappeler.
Mon propos voudrait tenir compte de ces différents regards que nous portons sur le développement social. Dans un premier temps, je rappellerai la nouveauté de la situation dans laquelle nous sommes engagés. Dans un deuxième, je dégagerai trois regards de la situation globale qui donne trois façons d’intervenir ou, si vous préférez, trois cultures différentes qui traversent les pratiques des organismes. Enfin, dans un troisième temps, je voudrais souligner l’apport du communautaire et la nécessité d’en tenir compte.
La nouveauté de la situation actuelle
Il y a longtemps que des gens du milieu sont sensibles aux personnes exclues de la prospérité générale. Longtemps aussi qu’ils ont mis sur pied des services d’aide et d’entraide pour pallier aux chocs vécus par des personnes fragilisées. Le découpage paroissial a servi pendant longtemps de lieu d’intervention pour rejoindre ces personnes. Plusieurs groupes communautaires ont aujourd’hui pris la relève et les frontières d’hier se sont peu à peu estompées pour laisser place à de nouveaux recoupements et de nouvelles appartenances.
L’État est intervenu avec sa mission propre de quadriller le territoire et d’y déployer des services pour toute la population. Je pense aux CLSC et aux services spécialisés qui se sont mis en place pour répondre aux besoins des personnes en situation d’insécurité. Ces nouveaux venus ont dû s’arrimer avec les groupes déjà à l’œuvre ou en susciter d’autres selon les problèmes identifiés. Inutile de souligner que ces arrimages n’ont pas toujours été faciles mais qu’ils continuent à représenter de multiples capacités d’interventions incontournables. Les changements qui les touchent aujourd’hui comportent évidemment des points d’interrogation nombreux mais on peut espérer que cette insécurité rapproche les intervenants du système public et ceux du communautaire pour trouver des complémentarités nécessaires.”
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